« Gampopa, le médecin de Dakpo, s’asseyait d’ordinaire dans sa grotte toute la journée, soutenu par une ceinture de méditation. Milarepa lui demanda un jour combien de temps duraient ses périodes de méditation ; Gampopa répondit qu’il restait assis six heures d’affilée.
Milarepa demanda encore : « Qu’éprouvez-vous pendant ce temps ? »
Gampopa répondit : « Rien du tout – le grand vide ».
Milarepa s’exclama : « Ce n’est sûrement pas le grand vide ! Comment pouvez-vous pratiquer la méditation pendant six heures d’affilée sans que rien n’arrive ? Stupide, vous vous supprimez, restant dans un état indifférent, neutre – agréable, dirait-on. Abandonnez cette prétendue pratique, et recommencez selon mes instructions ». Alors Milarepa chanta un poème au sujet de la pratique de la méditation :
Le point de vue ultime, c’est d’observer son mental, avec constance et détermination.
La Bouddhéité ne peut être trouvée à l’extérieur,
Aussi contemplez votre propre mental.
Regardez et observez la conscience innée :
Comment la méditation commune peut-elle rivaliser avec ?
Le Guru suprême est l’esprit de Bouddha intérieur : ne cherchez pas ailleurs.
Toutes les formes ne sont que le mental.
Reconnaissant votre nature véritable de Dharmakâya,
Réalisez promptement la Bouddhéité immanente.
Mortifié, Gampopa fit part de son intention d’abandonner son habit monastique brun, et de prendre la robe blanche de coton comme Milarepa.
A nouveau, Milarepa le réprimanda : « Ne copiez-pas les autres ! Chacun doit suivre sa propre voie spirituelle. » Alors Milarepa chanta un poème, qui expliquait l’état monastique authentique – détachement, abandon, simplicité, solitude … reconnaissance de la vérité de la non-égoïté.
Milarepa conclut : « Guérissez-vous vous-même, bon moine médecin ; alors, vous guérirez naturellement les autres. Mon enseignement m’est propre ; le vôtre doit aussi vous être propre. Faites tout ce qui est nécessaire pour l’évoquer de l’intérieur de vous-même »[1].
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Mantram de l’Unification
Les fils des hommes sont un, et je suis un avec eux.
Je cherche à aimer, non à haïr;
Je cherche à servir et non à exiger le service dû;
Je cherche à guérir, non à blesser.
Puisse la souffrance apporter sa juste récompense de Lumière et d’Amour;
Puisse l’âme dominer la forme extérieure.
Et la vie, et toute circonstance,
Et révéler l’amour qui demeure sous les événements du temps.
Que la vision et l’intuition viennent.
Puisse le futur se révéler,
Puisse l’union intérieure triompher.
Et les divisions extérieures cesser.
Puisse l’amour prévaloir.
Et tous les hommes aimer.
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[1] Surya Das. Contes tibétains. Le Grand Vide de Gampopa. Le Courrier du Livre. Page 230.