LES AFFRES DE LA SEPARATION
Un jour, le Sheikh Shibli, en compagnie de quelques-uns de ses disciples regardait tranquillement un morceau de bois qui brûlait lentement au-dessus d’un feu de camp. Comme il était un peu humide, la chaleur faisait sortir de l’une de ses extrémités des gouttes de liquide. Après quelques instants de réflexion, Shibli dit à ses disciples :
« Vous qui prétendez avoir tant d’amour et de dévotion à l’égard de Dieu, comment vous dire que la douleur d’être séparé de Lui vous consume réellement ? Je ne vois ni larmes de tristesse, ni désir ardent dans vos yeux. A vous tous je dis que vous devriez prendre exemple sur cet humble morceau de bois, regardez comme il brûle et pleure en silence. »
« Hélas, je suis écrasé sous le poids de mon savoir et de mes connaissances. Mais où sont les soupirs de l’aurore et les larmes du crépuscule ! »[1]
« Mais où donc Me cherches-tu ! Regarde ! Ne suis-je pas à tes côtés ! Je ne suis ni dans les rites, ni dans les liturgies. Je suis tout près de toi, avec toi, en toi», KABIR.
[1] Khwaja Hafiz, extrait de Huzur Sawan Singh, Contes et récits de l’Orient mystique, éditions Le Courrier du Livre, p.131